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Un printemps avec pissenlits

Écrit par :

Éléonore Escobar
Chargée de projets en biodiversité urbaine

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Les beaux jours reviennent (enfin) éclairer autant nos vies que nos espaces verts. Les arbres bourgeonnent, l’herbe pousse et les pissenlits pointent le bout de leur nez. Comme plusieurs, vous avez peut-être cette envie irrésistible d’arracher ces boutons jaune doré de vos pelouses ou plates-bandes. Pourtant, les pissenlits sont très appréciés, voire indispensables pour nos chers pollinisateurs, surtout en ce début de saison estivale. Mais alors, pourquoi cette fleur plus qu’une autre ? Voici quelques raisons qui vous motiveront sûrement à garder cette flore souvent mal-aimée.

Des alliés des pollinisateurs

Dans un paysage parfois grisâtre du printemps, le pissenlit fait partie des premières fleurs à éclore après le dégel. Contrairement aux abeilles domestiques qui sont souvent nourries en début de saison par les apiculteurs, les autres insectes indigènes et sauvages dépendent complètement des ressources qui les entourent. Sans fleurs tôt au printemps et donc sans pissenlits, ces pollinisateurs partent avec un désavantage dans leur courte vie.

De plus, le pissenlit est une espèce particulièrement méllifère. Ce bouton doré est, en fait, constitué de plusieurs centaines de petites fleurs regroupées sur la tige, ce qu’on appelle une inflorescence. Chacune de ces fleurs produit du pollen et du nectar d’excellente qualité, particulièrement accessibles pour les pollinisateurs qui sortent de l’hivernation , une épreuve difficile à passer. À titre d’exemple, on estime qu’un hectare de pissenlit produit environ 200 kg de miel!

Méllifère : Dont le nectar et le pollen est utilisé par les abeilles pour produire du miel.

Hivernation : Ralentissement de l’activité durant l’hiver mais qui n’est pas en état d’hibernation.

Favoriser la biodiversité

Face au déclin des pollinisateurs partout sur la planète, une solution simple s’offre à nous : favoriser la biodiversité partout ! Pour cela, la meilleure manière consiste souvent à laisser la nature reprendre un peu de terrain dans une sorte de désordre organisé.

Il est vrai qu’une belle pelouse verte et bien tondue pour commencer le printemps a quelque chose de très satisfaisant à regarder. Pourtant, ces environnements très entretenus forment des écosystèmes particulièrement pauvres en biodiversité. Plus encore, ils dégradent la qualité des sols, réduisent la diversité florale et limitent la survie les pollinisateurs1. Une raison de plus de laisser sa pelouse se colorer de quelques bourgeons dorés.

Alors, en attendant qu’une multitude de fleurs sources de nectar et de pollen sortent de leur torpeur hivernale, tentez au maximum de laisser les pissenlits fleurir sur vos pelouses ! Lorsque les autres plantes mellifères auront rempli vos plates-bandes ou votre terrain, vous pourrez arrachez vos pissenlits. Par contre, n’oubliez pas que ce sont des plantes médicinales très intéressantes, riches en sels minéraux et aux vertus revitalisantes comme diurétiques (d’où son nom d’ailleurs dérivé de « pisse-au-lit »). De plus, il est possible de vous concocter un miel végétal à partir de ces plantes.

Source :

1 Watson CJ, Carignan-Guillemette L, Turcotte C, Maire V & R Proulx. 2019 (in press). Ecological and economic benefits of low-intensity urban lawn management. Journal of Applied Ecology.

Éléonore Escobar

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