Skip to content

L’alimentation végétale : une possibilité?

Écrit par :

Maria Camila Gallego Betancur
Stagiaire en communication (2022)

Partager

La production de viande a augmenté de façon importante au cours des dernières décennies : aujourd’hui, on produit trois fois plus de viande qu’il y a 50 ans. Toutefois, le développement d’élevages industriels présente des enjeux majeurs.

Tout d’abord, parce que cette industrie mise sur la productivité à grande échelle, au détriment de la qualité et du bien-être animal. Ensuite, les élevages industriels de masse ont aussi plusieurs effets sur l’environnement. Nous les expliquerons dans ce premier article de la série portant sur l’alimentation durable. La consommation de viande est d’ailleurs très variable selon les régions géographiques. Vous l’aurez deviné, ce sont surtout les pays développés qui ont les chiffres les plus élevés.

Élevage d’animaux : source importante de gaz à effet de serre

Quand on pense à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), les industries comme celle du transport et de l’électricité sont souvent les premières que les experts pointent du doigt. Cependant, l’alimentation a aussi un rôle important à jouer – particulièrement la viande rouge. En 2013, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait signalé dans un rapport la contribution considérable de l’industrie de l’élevage d’animaux au réchauffement climatique, qui serait responsable de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Plus récemment, une étude d’envergure publiée en 2021 dans la revue Nature Food a comparé les émissions de GES des aliments d’origine animale à celles des aliments d’origine végétale. Les résultats montrent que les produits d’origine animale engendrent près du double des émissions de GES, contribuant à 57 % du total des émissions de GES du secteur de l’agriculture, contrairement à 29 % pour les aliments à base de plantes.

De plus, les ruminants, par leurs processus digestifs, produisent d’importantes quantités de méthane, un gaz à effet de serre qui a un potentiel de réchauffement 80 fois plus élevé que le CO₂ . Le bœuf et les produits laitiers sont ainsi les aliments qui génèrent la plus haute empreinte carbone.

On peut voir que les aliments à base de plantes ne sont pas tous plus bénéfiques sur le plan environnemental; la production de riz, par exemple, émet beaucoup de GES. Toutefois, la conclusion est claire : en remplaçant les protéines animales par des protéines végétales, on réduit de manière significative les GES causés par notre alimentation.

Un autre aspect à considérer est la perte de nutriments : les animaux consomment des produits d’origine végétale pendant leur vie, mais la quantité de viande qu’ils fournissent est moindre. Ainsi, une étude a démontré que la plupart des animaux ont besoin d’au moins deux fois plus de protéines qu’ils n’en produisent. Par exemple, 1 kg de viande nécessite 2,8 kg de nourriture pour les ruminants. De plus, ces produits fournissent 18 % des calories de l’alimentation humaine, mais utilisent 83 % des sols cultivables.

Le média britannique The Guardian a illustré les résultats de cette étude

En plus de contribuer à l’augmentation de gaz à effet de serre, les pratiques d’élevage industriel impliquent plusieurs conséquences nocives pour l’environnement.

Source : Poore and Nemecek, 2018, revue Science

Une pression importante sur les ressources en eau

Un article de la revue Animal Frontiers, en 2012 a évalué l’empreinte de l’eau (water footprint en anglais) des aliments d’origine animale. Les résultats indiquent que l’élevage d’animaux est responsable de plus d’un quart de la consommation d’eau de l’humanité. De plus, la même étude souligne qu’une transition vers un régime végétarien pourrait réduire l’empreinte en eau des individus de 36 %.

Comment est-ce possible? L’élevage d’animaux requiert de grandes quantités d’eau, notamment pour produire la nourriture destinée au bétail, nettoyer les élevages et les abattoirs, etc.

Source : Le nutritionniste urbain

Notons toutefois que certains aliments d’origine végétale ont une empreinte en eau très élevée: c’est le cas des noix, et particulièrement des amandes. L’infographie suivante, proposée par Le nutritionniste urbain illustre la quantité d’eau requise pour produire différents aliments.

Pour en apprendre davantage à ce sujet, consultez notre article sur les choix alimentaires et les ressources en eau.

Déforestation et dommages pour la biodiversité

Puisque l’élevage de bétail utilise beaucoup de terres cultivables, il constitue une cause importante de déforestation. En Amérique latine, l’élevage de bovins serait responsable de 71 % de la perte de la forêt amazonienne, notamment parce que des terres sont dédiées à la production de soya, qui sert de nourriture aux animaux. Notons d’ailleurs que seulement une faible proportion du soya produit dans le monde est destinée à la consommation humaine.

Les industries de l’élevage sont aussi problématiques sur le plan de la contamination de l’environnement, puisque la majorité des élevages utilisent des produits chimiques comme des hormones, des antibiotiques et des pesticides, qui peuvent se retrouver, par ruissellement, dans les écosystèmes.

La production de soya

Seulement 19,2 % du soya produit dans le monde est utilisé pour la consommation humaine. De plus, si on s’intéresse uniquement aux aliments qui sont alternatifs aux produits d’origine animale comme le tofu, le lait de soya et autres produits comme le tempeh, on arrive plutôt à 7 %. Pourtant, 77 % du soya est destiné à la nourriture pour des animaux d’élevages. Alors, la croyance selon laquelle en mangeant plus de tofu on favorise les impacts environnementaux de la culture de soya est assurément à revoir!

La nécessité de se diriger vers une alimentation plus durable

Dans la plupart des cas, et surtout dans les pays industrialisés, une réduction drastique de la consommation de viande aurait un impact très positif sur l’environnement. Dans le rapport spécial Climate Change and Land (SRCCL) publié en 2019, le GIEC signale que les régimes majoritairement à base de plantes, avec des produits d’origine animale provenant d’installations résilientes et durables, contribuent à ralentir le réchauffement climatique. De plus, les animaux des élevages industriels vivent souvent dans des conditions déplorables et mènent une vie purement utilitaire, ayant comme seul but de servir les humains.

Pour en apprendre plus sur le végétarisme, le GRAME vous propose une sélection de 3 documentaires.

Cela dit, toutes les régions du monde n’offrent pas la possibilité de suivre un régime végétal équilibré! D’ailleurs, la consommation de produits d’origine animale en petites quantités et provenant de pratiques durables peut bien s’inscrire dans un souci de protection environnementale. Le plus grand problème est la surconsommation, telle qu’on la connaît dans les pays occidentaux actuellement.

Il est donc important de faire preuve de jugement critique et de fournir des efforts pour réduire la consommation de viande, sans chercher nécessairement à devenir végétarien ou végétalien. En pratiquant une alimentation variée, on exerce une pression moins grande sur une seule industrie. Si nous faisons tous et toutes des changements, nous arriverons beaucoup plus loin!

Pour aller plus loin :

Voici quelques ressources et lectures pour en apprendre plus :

Maria Camila Gallego Betancur

Articles similaires

Abonnez-vous à l’infolettre