La vitalité des villes commence sous nos pieds

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Éco-quartier Sud-Ouest
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Alors que 95% de notre alimentation provient des sols et qu’ils sont essentiels au bon fonctionnement du cycle de l’eau, le tiers des sols de la planète sont dégradés. C’est pourquoi le 5 décembre, on célèbre leur rôle « dans le développement agricole, les fonctions écosystémiques et la sécurité alimentaire », lors de la Journée mondiale des sols.

Chaque année au Québec, l’étalement urbain et industriel continue de menacer les sols. Lors de ce processus, ils sont compactés, recouverts d’une surface imperméable et contaminés par diverses substances, dont des métaux lourds. Par exemple, selon une analyse d’imagerie satellite par Naël Shiab (journaliste de données) et Isabelle Bouchard (analyste de données), la zone urbanisée de la région métropolitaine de Montréal a augmenté de 30,8% entre 2001 et 2021, alors que la population n’a augmenté que de 18,2%.

En mauve: L’étalement urbain dans la région métropolitaine de Montréal entre 2001 et 2021. (Source: Radio-Canada)

Cela représente une perte de sols fertiles qui ont un potentiel agricole. En milieu urbain, l’imperméabilisation du terrain aggrave aussi les inondations lors de fortes pluies, qui sont en croissance avec les changements climatiques. Les sols non couverts ne sont pas nécessairement en meilleur état : déplacés, exposés et utilisés comme remblais, ils deviennent pauvres en nutriments et en vie microbiologique. Cette dégradation est tout autant un enjeu au potager qu’elle l’est dans les champs!

Un sol bien vivant… et nourrissant!

Le sol ne nourrit pas seulement les plantes, les insectes et les animaux que l’on voit à la surface. Le milieu souterrain regorge lui-même de vie macroscopique et microscopique. Dans un gramme de sol sain, on peut retrouver plus d’un trillion de micro-organismes. En plus des bactéries, on retrouve comme autres formes de vie les nématodes, les protozoaires, les arthropodes, les vers et les champignons. En tout, environ 59% de toutes les espèces terrestres connues vivent dans le sol.

Chacun de ces maillons de la chaîne alimentaire du sol contribue au bon fonctionnement de tout l’écosystème. Entre autres, différentes bactéries digèrent la matière organique simple en nutriments accessibles aux autres espèces, sécrètent des substances qui permettent l’agrégation des particules du sol, et captent l’azote de l’air pour enrichir la terre. Les champignons, surtout les mycorhiziens, décomposent la matière organique fibreuse et forment un réseau microscopique de filaments appelé mycélium qui donne une structure perméable au sol tout en permettant le transport de nutriments vers les racines des plantes.

Pseudomonas, une bactérie fixatrice d’azote
Aspergillus, un champignon utilisé pour la fermentation
Le lombric, un allié pour l’aération et l’irrigation du sol
Le cloporte, un déchiqueteur de feuilles mortes

Pour ne nommer que quelques-uns des bienfaits de la biodiversité du sol en agriculture (rurale ou urbaine) :

  • Certains micro-organismes stimulent et accélèrent naturellement la croissance des plantes en libérant des enzymes et des hormones.
  • Une communauté microbienne riche et diverse permet aux plantes d’accéder plus facilement aux minéraux et nutriments essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium.
  • Une nutrition équilibrée contribue à l’immunité des plantes aux stress biotiques. Bien nourries, les plantes résistent mieux aux maladies causées par des pathogènes, et elles sont moins visées par les insectes nuisibles.
  • Les biostimulants microbiens peuvent aussi augmenter la résistance des plantes aux stress abiotiques tels que la sécheresse, la salinité et la contamination par les métaux lourds.

En bonus : les plantes mieux nourries par un sol grouillant de vie sont plus nutritives pour nous, et plus savoureuses!

Prendre soin de nos sols

Plusieurs gestes individuels sont possibles pour contribuer à la santé de nos sols. D’abord, un sol sain permet à l’eau de s’infiltrer en profondeur. Il est donc crucial d’éviter le pavage asphalté. Il est possible de le remplacer par des revêtements alternatifs comme des tuiles espacées, du gravier, du pavé drainant, ou un système alvéolaire. Puisqu’une pelouse au sol compacté a également une capacité limitée à absorber l’eau de pluie, on peut aussi aménager sa cour différemment pour en faire un jardin éponge.

Pour bien nourrir le sol et la vie microbienne qui s’y trouve, il est recommandé de l’enrichir une fois par année avec du compost ou une autre matière organique fertilisante comme le terreau de feuilles.

Profitez du compost municipal!

Chaque printemps, l’éco-quartier Sud-Ouest, grâce à la Ville de Montréal, distribue gratuitement du paillis, des végétaux et du compost aux résident·e·s de l’arrondissement. Les groupes citoyens et organismes peuvent également commander du compost et du paillis du printemps à l’automne.

EN SAVOIR PLUS

Autant que possible, le sol devrait être couvert de matière organique plutôt que d’être exposé aux éléments. Un terrain gazonné ou vide, comme un carré d’arbre par exemple, bénéficiera de l’ajout de plantes dont les racines préviendront l’érosion, diminueront la compaction du sol et absorberont l’eau de pluie. Il est conseillé de privilégier les vivaces aux annuelles, puisque leurs racines sont plus profondes et qu’elles forment des écosystèmes plus durables.

Pour garder un sol couvert dans un potager après les premières récoltes, pensez à semer de nouvelles cultures rapides (semis successifs) ou des cultures de couverture comme du sarrasin ou de la luzerne.

À l’automne, on peut laisser les résidus du potager ou des plates-bandes au sol et les recouvrir de paillis ou de feuilles pour offrir une isolation contre le gel profond. En plus, cette couverture protège les petits organismes et leur fournit des aliments pour l’hiver.

Un meilleur sol pour moins d’indésirables

En entretenant un sol de bonne qualité, on contribue du même coup à limiter la propagation de l’herbe à poux, une importante source d’allergies saisonnières! L’herbe à poux est une plante opportuniste qui s’installe rapidement dans des sols pauvres et laissés à découvert, mais qui compétitionne mal dans un écosystème sain.

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