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Transition écologique : repenser les crises socio-environnementales

Écrit par :

Maria Camila Gallego Betancur
Stagiaire en communication (2022)

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L’environnement, c’est l’affaire de tout le monde – encore faut-il savoir de quoi on parle! Dans cette nouvelle série, le GRAME démystifie 10 notions environnementales dont nous entendons souvent parler dans les médias ou simplement dans notre vie de tous les jours.

Dans ce troisième article, nous abordons la transition écologique. Les petits gestes individuels pour l’environnement sont importants, mais ne seront malheureusement pas suffisants pour bâtir un avenir plus durable. C’est de là que naît la nécessité d’une véritable transition dans la façon dont nous fonctionnons en tant que société.

C’est quoi, la transition écologique?

La transition écologique nous amène à revoir nos manières de penser et d’intervenir dans différentes sphères d’activité humaine. Son objectif est de transformer les modèles économiques et sociaux pour qu’ils servent l’adaptation aux changements climatiques et la protection de la biodiversité.

Le concept vient de Rob Hopkins, un professeur britannique en permaculture qui a voulu imaginer à quoi ressembleraient les villes si on décidait de vivre sans pétrole. Il a alors lancé en 2005 un réseau d’initiatives citoyennes sous le nom de « Transition Town Movement » (en anglais). Les actions promues se sont ensuite étendues dans différents pays, permettant ainsi de développer de nouvelles façons d’approcher des enjeux environnementaux. Ces initiatives sont documentées dans son livre Manuel de la transition, publié en 2008. Plus récemment, le Guide essentiel de la transition, disponible en ligne, propose une mise à jour bonifiée.

L’abandon des énergies fossiles, un pilier important de la transition

Le premier aspect essentiel d’une transition écologique concerne le secteur de l’énergie. L’abandon des énergies fossiles est nécessaire pour limiter le réchauffement planétaire. Ainsi, les activités qui impliquent du pétrole, du gaz et du charbon – principales énergies fossiles – doivent être réduites, et ce, le plus rapidement possible. Au Canada, le secteur de l’exploitation pétrolière et gazière représentait 27 % du total des émissions de gaz à effet (GES) de serre du pays, soit le secteur le plus polluant.

Un récent rapport du GIEC soulignait l’importance de se tourner massivement vers les énergies renouvelables. Il faut également miser d’abord et avant tout sur une diminution globale de notre consommation énergétique, notamment par le biais de mesures d’efficacité énergétique.

Moins de déplacements, moins polluants

Au Canada, en 2020, le secteur des transports comptait pour 24 % des émissions de GES, faisant ainsi la deuxième source en importance d’émissions de GES. Le secteur du transport routier est à la fois la composante qui représente la plus grande part des émissions de GES du secteur des transports et celle qui connaît la plus forte croissance.

Miser d’abord sur la réduction de l’utilisation de véhicules motorisés est un pilier pour la transition écologique. L’électrification des transports est la deuxième étape : opter pour des véhicules plus petits, plus légers et électriques permettra de réduire les émissions de GES. Il est toutefois important de garder en tête que la production des ces véhicules nécessite tout de même des ressources naturelles importantes, c’est pourquoi les déplacements en transport en commun, à vélo ou à pied demeurent des solutions à préconiser.

Les villes de 15 minutes

Ce concept consiste à penser les villes de façon à ce que les services essentiels soient accessibles dans un rayon de 15 minutes sans voiture, plutôt qu’en quartiers spécialisés. Cela permettrait de réduire grandement les déplacements.

En plus de nos déplacements individuels, le transport de marchandises est également à considérer, puisque la distance parcourue par les objets pour se rendre jusqu’à nous est une source d’émissions de GES. Ainsi, favoriser les produits locaux, éviter la surconsommation et réfléchir à des moyens d’être plus efficaces dans les livraisons sont tous des aspects pouvant contribuer à la transition énergétique.

Une alimentation plus durable

Enfin, un secteur qui nécessite une transformation importante est celui de l’agro-alimentaire. Il s’agit d’une sphère dans laquelle les individus et les entreprises ont un rôle important à jouer, selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Vous voulez en savoir plus sur ce rapport? Le GRAME propose un résumé des points clés à retenir. Mais comment faire des choix alimentaires plus durables? Devant les différentes options et critères, il est facile de s’y perdre. Voici quelques grandes lignes inspirées de l’Agence de la transition écologique (ADEME) :
  • Privilégier les produits locaux et de saison, si possible biologiques.
  • Diminuer la consommation de viande.
  • Faire preuve de créativité avec les restants alimentaires : congélation, fermentation, etc. Le site J’aime manger, pas gaspiller, propose plusieurs ressources intéressantes.
Quant à la transition écologique de l’industrie agroalimentaire comme telle, plusieurs défis sont au menu, notamment le remplacement des engrais de synthèse par des alternatives moins polluantes. L’agriculture biologique, par son amalgame de bonnes pratiques, réduirait d’environ 20% les émissions de GES provenant des champs par rapport à l’agriculture industrielle conventionnelle. L’industrie serricole est aussi une clé de la transition… à condition de ne pas chauffer les serres à l’énergie fossile!1

1 : Perron, S. et J.-F. Gingras. Choisir l’environnement : Guider les actions de nos institutions. Éditions Somme toute, 2021.

Une transition écologique, mais aussi juste

Enfin, il est important de considérer la dimension sociale de la transition écologique pour que celle-ci soit juste et ne se fasse pas au détriment de certains groupes de personnes. Par exemple, la transition écologique passe par une réduction des activités de plusieurs industries existantes, qui constitue une forme de sobriété. Cela implique donc la perte d’emplois pour certains groupes de personnes, qui devront s’en trouver un autre. En contrepartie, le développement d’énergies plus propres, par exemple, engendrera aussi de nouvelles opportunités. Le Réseau Action Climat propose différentes pistes pour conduire une transition écologique juste, notamment :
  • Mettre en place des mesures d’accompagnement pour atténuer impacts sur les groupes plus vulnérables2.
  • Accompagner la transition de secteurs touchés par la transition énergétique. On parle par exemple de soutenir financièrement des projets et d’anticiper des problématiques qui pourraient surgir.
  • Faire converger les enjeux de politiques climatiques, politiques économiques et lutte contre le chômage et la pauvreté.

2 : « Elles doivent avoir le double objectif de répondre à une urgence (le paiement des factures des ménages en situation de précarité énergétique) et d’améliorer durablement leurs conditions de vie, tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre (par exemple via le financement de la rénovation thermique des logements). »

Si elle est bien faite, la transition écologique sera l’une des rares transformations sociales, sinon la seule, qu’on aura connu jusqu’à présent qui améliorera non seulement notre bien-être individuel, mais aussi celui d’autrui et celui des écosystèmes dans lesquels on évolue, N’est-ce pas excitant de penser que les efforts que nous déployons comme civilisation pour changer le monde n’auront jamais été aussi durables?

La transition écologique va donc plus loin que l’adoption de politiques environnementales, il s’agit d’une philosophie pour repenser nos sociétés et assurer une gestion durable des enjeux environnementaux. Dans le prochain article, nous aborderons plus en détail un des piliers de la transition écologique, soit les énergies renouvelables.

Maria Camila Gallego Betancur

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