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GIEC : 3,3 milliards d’humains vulnérables au changement climatique

Écrit par :

Maria Camila Gallego Betancur
Stagiaire en communication (2022)

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Texte co-rédigé en collaboration avec Andréas Louis, (Analyste en environnement au GRAME 2021-2022)

Les preuves scientifiques cumulées sont sans équivoque : le changement climatique est une menace pour conserver des conditions propices à des sociétés humaines, mais aussi pour la santé planétaire. Tout retard supplémentaire dans la réduction des gaz à effet de serre et dans l’adaptation aux changements climatiques manquera une occasion, qui se referme rapidement, de garantir un avenir durable pour tous.

1. Des impacts déjà observés

Le changement climatique induit par l’humain, notamment l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes, a eu des effets néfastes généralisés. Ainsi, la nature et les personnes subissent des pertes et des dommages au-delà de la variabilité naturelle du climat.

Certains efforts de développement et d’adaptation ont permis de réduire la vulnérabilité. Néanmoins, dans tous les secteurs et toutes les régions, on constate que les personnes les plus vulnérables sont touchées de manière disproportionnée. L’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a eu des effets irréversibles, les systèmes naturels et humains étant poussés au-delà de leur capacité d’adaptation.

En quoi est-il important de prendre en compte la vulnérabilité?

La vulnérabilité correspond à la sensibilité des écosystèmes et des individus à subir les conséquences des changements climatiques. Une augmentation des risques, entraînant encore plus de phénomènes climatiques extrêmes, va donc affecter plus particulièrement les groupes vulnérables, par exemple les pays en développement qui ont moins de moyens pour construire des infrastructures adaptées au réchauffement climatique.

Figure 1  : Impacts observés du changement climatique sur les systèmes humains (SPM.2.b)

Source : Figure I – Impacts observés du changement climatique sur les systèmes humains (SPM.2.b) traduction par Bon pote

Le tableau suivant montre les impacts des changements climatiques sur différents systèmes humains, comme le manque d’eau et de nourriture, la santé et le bien-être, ainsi que les infrastructures. Pour chaque région, un symbole indique le niveau des impacts observés: le – indique un impact négatif qui progresse, alors que ± indique qu’à la fois des impacts positifs et négatifs ont été observés. Les couleurs signalent le degré de confiance dans l’attribution climatique: plus la couleur est foncée, plus la confiance est élevée. Par exemple, en Amérique du Nord, on observe des impacts négatifs sur la santé mentale et on les attribue avec haute confiance aux changements climatiques.

2. À court terme, les impacts sont certains et connus

À court terme, les impacts comme les chaleurs extrêmes, les inondations, les sécheresses et les cyclones continueront de s’intensifier, entraînant des pertes et des dommages inévitables pour la nature et les sociétés humaines. Le rapport signale également que le nombre de personnes exposées aux risques causés par les changements climatiques continuera d’augmenter progressivement. Il est d’ailleurs probable que nous atteignions le seuil du 1,5°C avant 2040.

Pourquoi 1,5°C?

L’accord de Paris en 2015 a mené 195 pays à adopter l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C en faisant des efforts pour le maintenir si possible à 1,5°C. En effet, au-dessus de ce seuil de 1,5°C, il est scientifiquement clair que les impacts vont s’intensifier, et encore plus au-dessus de 2°C.

3. À long terme, les impacts dépendront de nos actions

À long terme, c’est-à-dire après 2040, l’intensité et la rapidité avec laquelle les risques se manifesteront va dépendre de nos actions, mais une chose est certaine : les impacts vont se multiplier et s’aggraver.

Ces pertes et dommages qui vont s’accentuer touchent plusieurs aspects, notamment :

  • L’accès à l’eau : les dérèglements climatiques entraînent des pénuries d’eau, entravant l’accessibilité à cette ressource.
  • L’accès à la nourriture : l’augmentation des températures entraîne une baisse de la production agricole. Les sécheresses et les inondations causent des pertes de récoltes et diminuent le pourcentage de terres fertiles. Ainsi, le phénomène continuera de s’accentuer avec l’augmentation des températures. Les populations plus vulnérables seront particulièrement touchées, notamment parce qu’une baisse de la production entraînera une hausse des prix.
  • La santé physique et mentale : il a déjà été observé que les changements climatiques augmentent la transmission de maladies infectieuses. Le nombre de décès liés directement aux phénomènes météorologiques extrêmes continuera aussi d’augmenter. Ce rapport du GIEC se penche également sur la santé mentale. On constate ainsi une tendance accrue à l’éco-anxiété, c’est-à-dire l’anxiété liée aux changements climatiques.
  • La biodiversité : Le réchauffement climatique est responsable de l’extinction de certaines espèces, et cela ne va que s’aggraver. Par exemple, « les récifs coralliens ont déjà atteint la limite de leur adaptation et pourraient disparaître si le seuil des +1,5°C est franchi. »

Le graphique suivant montre les impacts sur la biodiversité selon l’augmentation de la température planétaire :

Figure 2 : Les impacts sur la biodiversité selon l’augmentation de la température planétaire

Source : Figure TS5 B1 du 6eme rapport du GIEC, groupe 2

En plus des impacts déjà observés qui vont prendre de l’ampleur, on assistera à une complexification des enjeux. L’humanité devra gérer de plus en plus de risques en même temps, ce que le GIEC appelle les risques en cascade, par exemple l’augmentation de la fréquence des canicules et des feux de forêt durant l’été.

4. Des mesures d’adaptation nécessaires

Devant le réchauffement climatique, les actions doivent viser deux grands aspects : l’atténuation et l’adaptation. L’atténuation consiste à mettre en place des moyens pour limiter les émissions de GES, et ainsi ralentir l’atteinte du 1,5°C et les impacts qui y sont associés. L’adaptation, quant à elle, doit mener à une résilience pour que les sociétés humaines résistent mieux aux risques climatiques croissants. Ces deux aspects sont complémentaires dans la transition écologique.

En ce moment, les écarts entre les mesures d’adaptation et ce qui doit être fait pour réduire les risques associés aux changements climatiques se creusent. Les actions en place misent surtout sur le court terme et sont très spécifiques, mais une vision plus holistique est nécessaire. Par ailleurs, les coûts requis pour l’adaptation sont importants, ce qui accentue la vulnérabilité des populations plus défavorisées qui n’ont pas les moyens de s’adapter.

La préservation de la biodiversité est également un aspect très important à prendre en compte, au-delà des mesures d’adaptation et d’atténuation.

5. L’adaptation ne suffira pas

L’adaptation, bien que nécessaire dans le contexte actuel, comporte de nombreuses limites. Certaines des conséquences qui sont déjà observables aujourd’hui dépassent les capacités d’adaptation. De plus, l’écart entre les mesures que nous pouvons prendre pour s’adapter et l’augmentation des risques va continuer à se creuser. Pour cette raison, il est aussi important de mobiliser d’autres solutions, comme celles qui sont présentées dans le volet III de ce rapport.

Le GIEC souligne aussi l’importance de prioriser l’équité et la justice. Les conséquences des changements climatiques augmenteront les inégalités existantes, et le rapport pointe du doigt le néocolonialisme, qui rend certains groupes encore plus vulnérables.

Le graphique suivant montre visuellement la répartition de défis rencontrés pour différentes facettes de vulnérabilité, comme l’accès aux services de santé, aux infrastructures essentielles et autres facteurs. Les cases rouges représentent des défis importants, les cases oranges des défis modérés et les cases grises des défis légers. En comparant l’Afrique à l’Amérique du Nord, par exemple, on constate les inégalités et les injustices entre les régions.

Graphique : Répartition de défis rencontrés pour différentes facettes de vulnérabilité

Source : Figure TS.x issue de IPCC AR6 WGII

La nécessité d’une mobilisation rapide et de tous

L’enjeu principal du changement climatique en cours est sa vitesse d’évolution. En effet, des changements ne sont pas problématiques tant que les écosystèmes – humains inclus – sont capables de s’adapter à ces changements aussi rapidement qu’ils ont lieu. Mais certains changements en cours sont bien plus rapides que ceux ayant eu lieu naturellement entre les dernières périodes glaciaires et interglaciaires.

Pour éviter de faire face à des changements non maîtrisés, le GIEC a présenté également plusieurs scénarios de solutions de limitation du changement climatique dans un autre rapport publié en avril 2022.

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Maria Camila Gallego Betancur

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