Skip to content

Comment récolter les semences de mon potager?

Écrit par :

Shani Lebel
Chargée de projets en communication

Partager

Après la saison d’abondance, il est temps de penser à l’année prochaine. S’il est possible de se procurer des semences de qualité à l’année, il est également facile de produire et conserver ses propres graines provenant de son potager. Cette démarche implique un suivi du jardin un peu différent, cependant, en suivant des principes de base, cette activité s’intègre bien dans les tâches du jardinier novice.

Pourquoi récolter ses semences?

Il y a plusieurs bonnes raisons de les récolter, que ce soit dans le but de proliférer votre jardin ou que ce soit pour aller les porter à une bibliothèque de semences, pour que d’autres personnes puissent en profiter à leur tour. Mise à part l’aspect économique de récolter ses propres semences, cette action permet de :

  • Préserver la biodiversité; depuis un siècle, 75% de la biodiversité alimentaire a disparu.
  • Garantir une autonomie agricole et une sécurité alimentaire.
  • Préserver le patrimoine génétique et culturel du Québec, en faisant pousser des plantes habituées au climat québécois.
  • Comprendre le cycle biologique des plantes cultivées en reconnectant avec l’héritage de nos terres.

Saviez-vous que?

Si chaque personne qui a un potager récoltait une infime partie de ses semences pour l’année suivante, il serait possible d’assurer une plus grande sécurité alimentaire collective.

Si vous choisissez de faire un don à une bibliothèque de semences, assurez-vous avant tout de connaître leurs provenances. Les graines en trop que vous n’utiliserez pas pour votre propre potager doivent être issues de culture sans pesticides, herbicides et engrais chimiques. De plus, elles doivent provenir d’une pollinisation non croisée. Ces normes ont été mises en place dans le but de préserver la santé, et le code génétique des espèces et ne pas créer d’hybridations.

Photo d'Aaron Burden

Par où commencer?

Lorsque vous vous lancez dans la récolte de semence, vous devez prendre en compte la distance d’isolement, c’est-à-dire la distance minimale à maintenir entre les plants d’une même espèce mais de variétés différentes, lorsque vous planifiez votre potager. Cette distance assure la pureté de vos semences en évitant la pollinisation croisée de vos plantes.

  • Si vous êtes débutant, vous pouvez commencer par les tomates, les haricots et les laitues, qui sont autofertiles, et donc moins sujettes à une pollinisation croisée.
  • Si vous êtes intermédiaire, vous pouvez essayer les carottes, les betteraves, le persil et l’aneth.
  • Si vous êtes avancée, vous pouvez vous attaquer au brocoli, aux concombres, aux courgettes et aux choux.

4 étapes pour récolter ses semences

1- Récolter en fonction du type de plantes

Chaque plante à sa façon de porter ses graines, cependant, on distingue 2 formes plus usuelles : les capsules sèches et les fruits charnus.

Capsules sèches

On inclut dans cette catégorie les plantes comme les digitales, les coquelicots, les haricots, etc.

La récolte des graines de ces plantes est particulièrement facile. Il suffit d’attendre que la capsule brunisse, qui est un signe de maturité et couper le plant. À partir de là, il y a plusieurs façons de récolter les graines.

  • Ouvrir la capsule et extraire les graines avec vos doigts;
  • Tourner la capsule au-dessus d’une feuille de papier blanche pour mieux voir les graines;
  • Placer la capsule dans un sac à papier et attendre quelques semaines que la capsule s’ouvre par elle-même.
Fruits charnus

On inclut dans cette catégorie les fruits comme les tomates, les concombres, les melons, etc.

Pour les fruits charnus, il suffit d’attendre que le fruit soit à maturité. On remarque la maturité du fruit par sa couleur passant du vert vers une autre couleur. Il faut toutefois récolter le fruit avant qu’il ne montre des signes de moisissure.

Il est à noter que la floraison et la maturation des plants se fait sur plusieurs jours, voire semaines. Vous devrez donc cueillir vos semences en plusieurs fois en fonction de vos plants.

2- Le séchage

Le séchage des graines permet d’éviter la propagation de moisissures dans votre collecte. Il faut aussi enlever toutes matières organiques qui pourraient absorber l’humidité lors de la conservation. Il y a plusieurs façons de faire sécher ces graines, nous en verrons trois.

Séchage à l’air
Déposez vos graines sur du papier journal, un filtre à café, etc. pendant environ une semaine ou jusqu’à ce que les graines ne soient plus humides, dans un endroit frais et sec qui est à l’abri de la lumière.

Séchage des fruits juteux (ex: courges, poivrons, etc.)
Attendez quelques jours après votre récolte avant d’extraire les graines de fruits. Le temps d’attente permettra au fruit de mûrir un peu plus longtemps. Cependant, si vos fruits démontrent des signes de pourriture, évitez de conserver ses graines. Pour extirper les graines de fruits, prenez un couteau et délogez les graines du fruit délicatement. Procédez au séchage à l’air par la suite.

Photo de Garden Betty

Séchage des fruits juteux à membrane gélatineuse (ex: tomates, concombres, etc.)

Pour éliminer la membrane sans endommager la graine, faites fermenter la membrane en déposant les graines gélatineuses dans l’eau pendant 2 à 5 jours. La fermentation est complétée si vous voyez des bulles ou une pellicule blanche. N’attendez pas trop longtemps lorsque vous voyez ces signes, car on ne voudrait pas faire fermenter les graines. Par la suite, rincez les graines pour retirer le restant de la membrane et procédez au séchage à l’air.

3- Le test de germination

Vous pouvez, avant d’entreposer les graines, effectuer un test de germination pour connaître le pourcentage de germination de vos graines. Pour ce faire, placez 10 graines dans un essuie-tout humide et placez-les dans un contenant hermétique. Laissez ce contenant dans un endroit chaud pendant quelques jours. Le nombre de graines germé vous indiquera le pourcentage de germination.

Par exemple, si vous avez 7 graines de germées sur 10, vous aurez un taux de germination de 70%. Les taux de germination de 70% et plus sont considérés comme excellents.

4- La conservation

À la suite des autres étapes, celle-ci est la plus importante pour vous assurer que lorsque vous ferez vos semis, vous aurez des graines parfaites. Pour éviter que l’humidité ne s’intègre dans vos graines, il est recommandé d’utiliser des enveloppes de papier ou des contenants hermétiques. Entreposez vos graines dans un endroit frais et sec qui est à l’abri de la lumière. Il est important d’identifier vos graines pour ne pas avoir de surprise l’année prochaine ou pour faire don de vos récoltes à la bibliothèque de semence. Nous vous recommandons d’étiqueter vos graines avec ces informations:

  • Espèce – espèce dont proviennent les graines.
  • Cultivar (Variété de l’espèce) – dans le cas de fleurs, indiquez la couleur.
  • Date – Date à laquelle vous avez recueilli les graines.
  • Origine – Origine de l’espèce (Québec, Canada, États-Unis, etc).

Pour les plantes rustiques, vous pouvez les semer directement pour l’année prochaine, notamment s’il s’agit de semences qui ont besoin d’une stratification au froid pour germer. En les semant à l’automne, les graines recevront automatiquement ce traitement au cours de l’hiver et germeront au printemps. On peut aussi semer certaines annuelles résistantes au froid (dauphinelle, pois de senteur, muflier, etc.) à l’automne sans les faire sécher et elles aussi germeront tout naturellement au printemps.

Voici quelques outils pour vous donner un coup de main dans votre récoltes de semences :

On prend, on donne!

Les citoyen.ne.s sont invité.e.s à faire des dons de semences à la bibliothèque Saul-Bellow de Lachine afin d’assurer une grande variété dans les semences (de fruits, de légumes, de fleurs, etc.). Le succès de ce projet dépend essentiellement de la contribution citoyenne des Lachinois.es à la bibliothèque de semences.

Shani Lebel

Articles similaires

Abonnez-vous à l’infolettre