Skip to content

Les Low-Techs : pour une technologie utile, durable et accessible

Écrit par :

Leeloo Vernet
Stagiaire en communication (2021)

Partager

La 5G se développe de plus en plus à travers le monde et au Canada. Elle ouvre la voie à des vitesses de connexion de plus en plus rapides, à la consommation de plus de données ainsi qu’à la création de nouvelles façon de les consommer, comme la mise en place de voitures autonomes.

Par contre, ce n’est pas sans conséquences. En effet, la 5G est un sujet controversé notamment pour ses implications environnementales. En plus d’être une technologie très demandante en énergie, beaucoup de ces appareils deviendront obsolètes plus rapidement. Il faudra alors remplacer ces dispositifs, mais aussi reconstruire toutes les infrastructures nécessaires à l’implantation du réseau. Ce qui représente beaucoup de ressources, d’énergie et surtout de déchets numériques. Les équipements devenus obsolètes se retrouveront très probablement dans une des décharges à ciel ouvert d’un pays du « Sud » et se dégradent très lentement.

Une partie du débat sur la 5G pourrait se résumer ainsi : Au prix de quelles conséquences environnementales et sociales, a-t-on vraiment besoin de cette technologie? Cette question est aussi au cœur de la philosophie Low-Tech. A-t-on vraiment besoin d’acheter? Ne pourrait-on pas faire autrement? Faire sans ? Faire nous-même? Faire plus simplement? Faire moins cher? Le Low-Tech est déjà partout autour de nous! Le Low-tech est un mouvement qui prône une technologie utile, simple, durable et accessible. À cheval entre le « faire autrement, faire localement, faire ensemble » et le « faire sans », ce mouvement remet en question toute notre société de consommation

Dans cet article, nous vous ferons découvrir le Low-Tech et nous vous donnerons pleins d’exemples faciles qui vous permettront de faire partie de ce mouvement à votre échelle ! 

En opposition au High-Tech, le Low-Tech comme une contestation de la course au « progrès numérique »

La Technologie de pointe, ou High-Tech en anglais, désigne tout un ensemble d’objets technologiques sophistiqués, complexes et modernes. Les technologies High-Techs sont souvent synonymes d’innovations technologiques. De plus en plus faciles d’utilisation, mais de plus en plus complexes, les technologies de pointe comme les téléphones intelligents ou les hauts-parleurs Bluetooth connectés sont souvent des symboles du progrès.

Le Low-Tech critique la complexité des machines High-Tech. Pour les consommateurs habitués à la facilité d’utilisation, il devient alors impossible de pouvoir réparer soi-même son téléphone ou son aspirateur dernier cri. Comme on peut difficilement les réparer, les technologies High-Techs nous poussent à la surconsommation et deviennent des déchets numériques ultra polluants. Par exemple, Apple affirme qu’en moyenne les consommateurs de ses appareils les utilisent 3 à 4 ans avant de changer de dispositif, alors que ceux-ci ont une durée de vie supérieure. C’est d’ailleurs la même chose pour la quasi-totalité des marques.

Cette surconsommation a un prix environnemental et social. Les technologies de plus en plus complexes sont de plus en plus énergivores et demandent de plus en plus de matériaux différents. Ainsi, leur production et leur utilisation ont une empreinte écologique sur la planète. Les métaux utilisés demandent des extractions qui sont non seulement mauvaises pour l’environnement, mais qui en plus déclenchent souvent des conflits dans les pays concernés. En bref, le numérique a toute une face cachée.

Pour résumer, la critique du High-Tech développée nous invite à se poser la question suivante : a-t-on réellement besoin de toutes les nouvelles technologies ? Ne pourrait-on pas vivre plus sobrement ? C’est toute l’idée de progrès technologique qui est mise en procès ici.

Attention cependant : le Low-Tech ne s’oppose pas intégralement à la technologie ni à tous les progrès que celle-ci a permis. Par contre, il s’agit là de questionner les besoins, le coût et les conséquences de certaines technologies pour remettre l’humain au cœur de celles-ci et consommer moins.

En opposition au High-Tech, le Low-Tech comme une contestation de la course au « progrès numérique »

Ce que l’on appelle Low-Tech dans cet article suit la définition donnée par le Low-Tech Lab : il s’agit d’objets, de systèmes, de techniques, de services, de savoir-faire, de pratiques, de modes de vie et même de courants de pensée, qui intègrent la technologie selon trois grands principes : l’utile, l’accessible et le durable.

Les objets, les systèmes, les techniques et les services Low- Tech sont déjà partout autour de nous ! En voici quelques exemples du quotidien :

  • Éteindre sa caméra lors d’une visio-conférence afin d’économiser la bande passante;
  • Sécher son linge à l’air libre pour ne pas utiliser la sécheuse;
  • Passer le balais à la place de l’aspirateur;
  • Faire ses courses en Vrac ou acheter des produits locaux;
  • Préparer ses cosmétiques maisons;
  • Utiliser une lampe torche rechargeable manuellement grâce à une manivelle, plutôt qu’une électrique.

Le Low-Tech serait difficile à définir clairement, car il désigne à la fois des objets, des systèmes et s’apparente même à tout un courant de pensée. Mais on peut tout de même essayer de déterminer des caractéristiques du Low-Tech !

  1. Le Low-Tech est utile. L’un des aspects le plus important du Low-Tech est de répondre à un besoin nécessaire comme boire, manger, se loger, se chauffer, s’habiller et autres.
  2. Le Low-Tech est durable. Un objet ou un service Low-Tech est respectueux de l’environnement. L’objet doit être réutilisable, avoir une longue durée de vie, être fait en récupération ou ne produire aucun déchet. De plus, le Low-Tech est pensé pour avoir un faible impact environnemental et énergétique. Ainsi, il demande peu d’énergie ou repose sur des énergies renouvelables.
  3. Le Low-Tech est compréhensible. La technologie Low-Tech est faite pour que tout le monde puisse la comprendre. Ce qui rend les objets Low-Techs réparables, adaptables, modulables et facilement fabricables par tous !
  4. Le Low-Tech est local. Fait avec des ressources locales, les objets Low-Tech ne font pas des milliers ou même des centaines kilomètres avant de servir !
  5. Le Low-Tech est convivial. Eh oui ! Faire du Low-Tech, c’est aussi «faire ensemble ». Tout le monde doit pouvoir apprendre à fabriquer les objets. Le partage des connaissances et des ressources permet de créer et de resserrer les liens entre les individus, contrairement au simple rapport vendeur-acheteur !
  6. Le Low Tech est abordable. Toujours dans l’optique d’accessibilité, le low-tech est une technologie financièrement abordable et vous fera même faire de grosses économies !

Des exemples d’initiatives Low-Tech

Le mouvement Low-Tech est très large et peut paraître flou. Nous allons essayer ici de vous donner des exemples concrets d’initiatives Low-Tech !

Mini-Lux ou l’ordinateur Low-Tech

Le système d’exploitation MiniLux est un système d’exploitation d’ordinateurs qui permet de faire fonctionner de vieux ordinateurs à partir d’une carte SD, d’une clé USB ou encore d’une carte mémoire !

D’ailleurs, un tutoriel du Low-Tech Lab vous propose de recycler votre vieil ordinateur en ordinateur Low-Tech grâce à une simple carte SD !

L’Internet Low-Tech

Pour donner un exemple encore plus fou : un Internet Low-Tech ! Les données numériques que l’on accumule en utilisant des réseaux de wifi rassemblant des milliers d’utilisateurs sont entreposées dans des centres de données. Ces centres de données consomment énormément d’énergie.

En réaction, des réseaux locaux plus autonomes voient le jour partout à travers le monde pour mettre en place un Internet Low-Tech moins cher, plus éco-responsable et tout aussi performant !

À faire soi-même en une journée : le cuiseur solaire

Enfin, voilà un exemple d’un objet Low-Tech que vous pouvez réaliser chez vous facilement : le cuiseur solaire ! Parfait pour vos barbecues d’été, facile à construire, réalisé à partir de matériaux récupérés, chaque cuiseur solaire permet d’éviter l’émission de 1,5 tonnes de gaz à effet de serre par an

Cuiseur solaire
Source : Low-Tech Lab

De plus, utilisé dans des pays « du Sud » il permettra aux populations de moins utiliser la cuisine au feu de bois, qui a des répercussions sur la santé, sur les émissions de gaz à effets de serre et sur la déforestation. Nous précisions ici que 3 milliards d’être humains utilisent le bois brûlé pour se nourrir.

Le Low-Tech : une remise en question de la société de consommation et de l’individualisme

Le Low-Tech, ce n’est pas forcément que des objets ! C’est aussi la philosophie de consommer moins, plus intelligemment, et celle du partage. Il s’agit de prendre le temps de réfléchir à nos besoins et de ralentir notre consommation. Par exemple, les mouvements zéro déchet, qui prennent de plus en plus d’ampleur, s’inscrivent dans une démarche de Low-Tech. La philosophie Low-Tech est aussi une philosophie du partage et du « faire ensemble». Partager les ressources, les idées, les savoirs faire et apprendre des autres, voilà ce que les Low-Tech prônent. Dans cette optique, on pourrait prendre l’exemple de la licence creative commons. Cette licence regroupe des centaines de logiciels gratuits, ouverts à tous et dont le code est partagé publiquement, ce qui permet de partager et de mettre en commun des applications, des logiciels et les savoir-faire reliés à ceux-ci. 

D’autres initiatives de ce genre comme les Fab Lab peuvent aussi s’apparenter aux Low-Tech. Ce sont des ateliers ouverts à tous qui mettent en libre-service (gratuitement ou très peu cher!) des machines comme des imprimantes 3D ou d’outils de bricolage! Ce genre d’initiative encourage le bricolage et la réparation tout en offrant un espace d’échanges. De tels ateliers apparaissent petit à petit partout dans le monde et même à Montréal! On pourrait penser au Repair Café des différentes universités de Montréal, comme McGill, ou aux ateliers de métallurgie au sein de la ville. 

Si cela vous intéresse, le Low Tech Lab de Montréal a réalisé une base de données de la réparation et des ateliers à Montréal.

Ce que l’on peut retenir des Low-Techs

Finalement, les objets Low-Techs et toute la philosophie qui les accompagne, nous invitent à remettre en question notre consommation, à ralentir et à s’opposer à l’individualisme. Nous devrions plus nous poser la question : en a-t-on vraiment besoin ? Est-ce que je pourrais le faire moi-même ? En consommant moins, plus intelligemment, localement, en partageant les ressources et les idées tout en se replaçant au centre de la technologie rendue accessible, les Low-Tech promettent des alternatives de vies à plusieurs échelles beaucoup plus éco-responsables et peu coûteuses !

Si vous souhaitez en savoir plus sur le Low-Tech ou vous impliquer dans le mouvement n’hésitez pas à consulter les ressources suivantes : 

 

Leeloo Vernet

Articles similaires

Abonnez-vous à l’infolettre