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Le Plan Climat Montréal en 10 actions

Écrit par :

Billal Tabaichount
Coordonnateur du pôle influence (2018-2021)

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Le 10 décembre 2020, la Ville de Montréal publiait son Plan climat 2020-2030. Ce dernier a pour but d’offrir un plan d’action stratégiques à l’échelle de la ville afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et favoriser l’adaptation aux changements climatiques, tout en mobilisant l’ensemble des parties prenantes. La Ville souhaite réduire ses émissions de 55% d’ici 2030 (par rapport à 1990) et d’atteindre la carboneutralité pour 2050.

Ce plan contient 46 actions classées en 5 chantiers d’intervention:

        A) Mobilisation de la communauté montréalaise

        B) Mobilité, urbanisme et aménagement

        C) Bâtiments

        D) Exemplarité de la ville

        E) Gouvernance

Dans ce texte, à travers la présentation de dix (10) actions, nous vous proposons un survol de ce plan qui constitue une étape importante vers une métropole durable. 

CHANTIER A: Mobilisation de la communauté montréalaise

1) Action 1:

 «Mobiliser la communauté montréalaise pour mener la transition écologique dans tous les quartiers»

Montréal soutiendra les initiatives citoyennes en matière de transition écologique. Elle proposera notamment la création dans chaque arrondissement d’un « mécanisme de collaboration » afin de faciliter la coopération entre les administrations locales des arrondissements, la Ville de Montréal et les parties prenantes au sein de la communauté. Cela se fera notamment à travers l’augmentation des budgets participatifs et des appels de projets à destination des initiatives citoyennes.

L’approche proposée par la Ville a le mérite d’adresser les enjeux d’inégalités environnementales, notamment « en priorisant la résilience des personnes en situation de vulnérabilité » (voir Action 8). Parmi ces priorités, on note un engagement envers les « programmes d’éducation et de sensibilisation ». Cela entre en résonance avec divers programmes du GRAME centrés autour de l’éducation relative à l’environnement (ÉRE), notamment en milieu scolaire.

2)Action 3 :

« Élaborer une Charte montréalaise des écoquartiers »

Cette Charte liera la Ville de Montréal aux parties prenantes du développement urbain sur le territoire. L’objectif est d’inciter l’innovation dans des domaines tels que l’inclusion sociale, la mobilité, la gestion des matières résiduelles ou la protection du patrimoine. Ce type de charte a le potentiel de relever les ambitions dans le cadre d’importants projets d’aménagement des milieux de vie, tels qu’on l’observe actuellement dans le secteur Lachine-Est. Pour ce faire, la Ville de Montréal compte également « bonifier les outils de planification et de réglementation en urbanisme » (voir Action 17).

CHANTIER B: Mobilité, urbanisme et aménagement

3) Action :

« Dans tous les quartiers, développer le transport collectif et actif,  et favoriser l’autopartage, le taxi, et le covoiturage »

Une série d’actions du Plan visent le développement et la démocratisation du transport collectif et actif à l’échelle de la Ville de Montréal, notamment en favorisant une plus grande accessibilité à mobilité durable. Pour Lachine, cette action pourrait notamment se traduire par un lien de transport structurant et électrifié avec le centre-ville, tel que le tramway. Le GRAME travaille fort en ce sens, notamment en participant dernièrement aux consultations entourant le Plan stratégique de développement de l’ARTM (Autorité régionale de transport métropolitain). Il est à noter que la Ville de Montréal compte également tenir compte de l’accessibilité à la mobilité durable en considérant notamment les inégalités socio-économiques sur son territoire (voir Action 12).

4) Action 13

« Privilégier et augmenter la proportion de véhicules électriques au centre-ville de Montréal »

Cette action peut s’avérer très importante dans la réduction de nos émissions de GES en autant que le transfert des Montréalais vers des modes de transport collectifs et actifs demeure conséquent et prioritaire. Cette action accueille également une initiative avec un grand potentiel : la mise en place d’une « zone zéro émission » au centre-ville d’ici 2030. Ainsi, tout mode de transport sur cette zone se devra d’être « zéro émission ». Il serait intéressant de considérer que cette mesure ne s’applique pas uniquement au transport des individus, mais également au transport des marchandises. D’autant plus que cette alternative favoriserait la réalisation d’autres objectifs, tels que 25% des livraisons effectuées sans émission de GES (voir Action 16). La mise en place de zones zéro émission pour le transport des marchandises pourraient s’avérer particulièrement appropriée dans des secteurs tels que le futur ÉcoQuartier Lachine-Est et ainsi favoriserait la mise en place de modes de transport alternatifs concernant les marchandises comme le tram-cargo ou le vélo-cargo.

5) Action 20:

« Planter, entretenir et protéger 500 000 arbres en priorité dans des zones vulnérables aux vagues de chaleur »

Cet objectif vise la plantation en domaines public et privé entre 2020 et 2030. Il fait écho aux nombreuses initiatives contenues dans les programmes de verdissement du GRAME. Ceux-ci visent les particuliers, tout comme les industries, commerces et institutions (ICI). D’autant plus que les îlots de chaleur, tout comme les enjeux liés perméabilité des sols, sont des problématiques importantes à Lachine. Dans ce cadre, il sera important de considérer la déminéralisation de sites jugés problématiques. Cela se traduira notamment par une densification du bâti et le verdissement des stationnements à ciel ouvert (voir Action 18).

CHANTIER C: Bâtiments

6) Action 26 :

« Élaborer un programme de financement destiné aux propriétaires de bâtiments afin de soutenir les travaux de rénovation sains et écologiques »

Cette mesure vise principalement à faciliter le financement de projets de rénovation ayant notamment des bénéfices environnementaux – par exemple, en terme de gains en efficacité énergétique. Le Plan nomme notamment des obstacles à ces projets, tels que « le coût initial élevé, le financement limité et les longues périodes de retour sur investissement ». Il semble que cette aide prendra principalement la forme de prêts. Un accompagnement technique sera également proposé aux propriétaires. La Ville souhaite également proposer des programmes de subventions destinés aux propriétaires de bâtiments résidentiels locatifs et bonifier le programme AccèsLogis – « qui finance les projets de logements sociaux et communautaires de l’île de Montréal, afin d’améliorer l’efficacité énergétique et la résilience aux changements climatiques de ce type de logements » (voir Action 25). 

7) Action 27 :

« Améliorer la performance énergétique des grands bâtiments par un système de cotation et de divulgation de leur consommation énergétique et de leurs émissions de GES »

Ce système vise à stimuler auprès des propriétaires et locataires les initiatives destinées à améliorer l’efficacité énergétique du cadre bâti et à réduire les émissions de GES. Il sera implanté progressivement et visera tout d’abord les grands bâtiments commerciaux et institutionnels. La Ville de Montréal compte également soutenir la formation d’une main-d’œuvre spécialisée dans ce type d’évaluation et favoriser le développement de ce secteur d’activité. Enfin, ce processus pourra mener à l’imposition de seuils de performance pour le parc immobilier en vue d’atteindre nos cibles environnementales. 

CHANTIER D: Exemplarité de la ville

8) Action 39 :

« Inventorier les émissions de GES découlant de la consommation de la collectivité montréalaise »

Un diagnostic clair sera une contribution absolument nécessaire en vue de toute politique de lutte aux changements climatiques. Un inventaire des émissions de GES permet non seulement d’adopter les mesures les plus efficaces, mais également de favoriser l’acceptabilité sociale des politiques environnementales en abordant l’enjeu des inégalités environnementales. Les inégalités environnementales sont présentes partout lorsqu’il est question de lutte aux changements climatiques. Elles désignent le fait que les coûts subis par la dégradation de notre environnement de vie et les bénéfices issus de notre exploitation de la nature ne sont pas équitablement répartis dans la population. En ce sens, l’inventaire des émissions de GES que propose le Plan se devra d’y prêter une attention toute particulière. Il est à noter que cet inventaire prendra en compte les émissions indirectes; c’est-à-dire les émissions de GES qui ne sont pas produites sur le territoire de Montréal, mais qui découlent de nos modes de vie et de consommation. On peut ainsi penser à toutes les émissions de GES nécessaires à la production de la nourriture que nous importons. Finalement, la Ville de Montréal s’engage à mesurer également la performance de ses propres services et unités administratives en ce qui a trait aux objectifs liés à la transition écologique et à la résilience (voir Action 41).

CHANTIER E: Gouvernance

9) Action 43 :

« Imposer un test climat à l’ensemble des décisions de la Ville afin de limiter leurs impacts en matière d’émissions de GES et de maximiser ceux en lien avec l’adaptation aux changements climatiques »

Cette action peut s’avérer très importante pour nos objectifs de réduction des émissions de GES. Elle permettra des choix plus éclairés en intégrant de manière très concrète ces émissions dans la prise de décision des parties prenantes, notamment les autorités municipales. Toutefois, la portée de cette mesure dépendra grandement des décisions qui devront se soumettre à ce test climat. La Ville souhaite déjà y soumettre les grands projets d’infrastructures. Par contre, il ne faudra pas oublier, par exemple, les décisions relatives à l’aménagement du territoire ou à la mobilité. Ces dernières conditionnent grandement nos modes de vie et les émissions de GES qui en découlent. Les tests climat devront également être effectués en toute indépendance et les résultats devront bénéficier d’une grande transparence, notamment auprès de la population.

10) Action 44 :

« Établir le budget carbone des émissions de GES pour la collectivité montréalaise »

Il est à noter que la Ville de Montréal désire mettre en place graduellement un budget carbone qui déterminera la quantité maximale de GES que la collectivité montréalaise pourra émettre dans une période donnée. Cette mesure a également un très fort potentiel, mais cela dépendra en grande partie de quels acteurs et initiatives seront soumis à ce budget et de quelles ressources se dotera la Ville pour le faire respecter.

Il est certain que le Plan climat 2020-2030 présente de grandes ambitions et des enjeux d’importance majeure pour la transition écologique : Aménagement et mobilité durable, infrastructures vertes, qualité du cadre bâti et efficacité énergétique, participation et éducation relative à l’environnement, inégalités socio-environnementales…

Toutefois, le succès de ce plan dépendra en grande partie du courage politique et des moyens déployés dans sa réalisation. Le GRAME compte bien participer à cette grande entreprise collective..

Montréal s’engage à publier un bilan de ses actions à chaque année. Huit indicateurs feront l’objet d’un suivi régulier 

Réduction des émissions de GES

1) Émissions de GES de la collectivité  et des activités municipales. 

Cible : Une réduction de 55 % des  émissions de GES

2) Consommation de combustibles fossiles de la collectivité montréalaise (essence, diesel, gaz naturel, mazout et propane). 

Cible : Une diminution de la consommation

3) Utilisation des différents modes de déplacement et part modale de l’automobile. 

Cible : Une réduction de 25 % de la part  de l’auto solo

4) Pourcentage de véhicules électriques immatriculés sur le territoire de Montréal. 

Cible : 47 % de véhicules électriques immatriculés

Résilience et Adaptation

5) Nombre d’arbres plantés par la Ville et  ses partenaires (en priorité dans les secteurs vulnérables).

Cible : 500 000 arbres plantés

6) Superficie des aires protégées.  

Cible : 10 % du territoire

7) État des différents aléas climatiques illustré par les cartes de vulnérabilité. 

Cible : Une diminution de la vulnérabilité.

8) Superficie des îlots de chaleur. 

Cible : Une diminution de la superficie

Billal Tabaichount

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